Le 20 février 1895, deux jeunes hommes du village de Pubnico-Ouest, Anselme T. d’Entremont et son beau-frère Jean Elizée d’Entremont, décidèrent d’aller faire la chasse au canard dans le havre, avec un canot qu’on appelait dans ce temps un «gunboat». Depuis ce jour personne n’a jamais entendu parler d’eux.
On a reconstitué toutes sortes de situations pour essayer d’expliquer comment deux hommes, habitués à la mer, auraient pu ainsi disparaître si mystérieusement, mais nulle des conjectures ne semble faire aucun sens. L’on sait, par exemple, qu’il neigeait et qu’il ventait un peu ce jour-là. Le canot aurait donc pu chavirer, laissant les chasseurs sans secours, ou bien encore les deux jeunes hommes auraient pu perdre leur sens de direction et se faire emporter avec le courant hors du havre, à la grand’mer. Ce qui est le plus étrange après tout, c’est que le canot même a jamais été retrouvé.
Lorsqu’on apprit que les deux hommes tardaient à s’en revenir, on se mit à leur recherche, mais on ne put rien trouver.
Anselme d’Entremont, mieux connu sous le nom de Sam, était fils de Jarvais d’Entremont et avait épousé Emeline d’Entremont, fille de Guillaume à Simon d’Entremont, du centre du village. Il avait alors 25 ans. Outre son épouse, il laissait un enfant d’un an et demi, une petite fille. Cette enfant était Hélèna (Lena) qui fut élevée par son grand-père Jarvais chez qui elle demeura jusqu’à son mariage avec Vincent à Michel d’Eon.
Le compagnon d’Anselme, Jean Elizée, était le seul fils de Guillaume d’Entremont. Il avait à peu près le même âge que son compagnon. Emeline avait donc perdu son mari et son seul frère le même jour.
Quant à Jarvais, c’était la deuxième noyade de la famille. Un autre fils, qui s’appelait Georges, s’était noyé auparavant au «grand quai» alors qu’il déchargeait du poisson hors d’une dory avec son oncle Antoine d’Entremont. Son corps fut retrouvé. Cet accident arriva le 27 février 1891.