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L’eau de Pâques


Le panneau indicateur lui donne le nom «Old Abbott’s Harbour Road». On l’appelait souvent «le chemin à Marie-Jeanne». Marie-Jeanne d’Entremont, fille de Benjamin, étant relativement jeune, perdit son mari Louis d’Entremont, fils de Charles-Célestin. Elle a demeuré sur ce chemin, sa maison ayant été occupée dans la suite par Ulysse d’Entremont, fils d’Octave, puis par ses fils. Cette maison, habitée par la famille, servait également d’un magasin, Marie-Jeanne s’occupant surtout de la vente d’épicerie. La maison a été démolie le 24 janvier 1994. Extrait de Histoire civile de Pubnico-Ouest écrit par Père Clarence J. d’Entremont (p. 63).

Une coutume qui se pratiquait autrefois à Pubnico comme en bien d’autres villages acadiens était celle d’aller chercher de l’eau de Pâques le matin de cette fête. Dans l’accomplissement de cette fonction il y avait deux directives à suivre: premièrement, se rendre au ruisseau avant le lever du soleil; deuxièmement, choisir un ruisseau qui coulait de l’est à l’ouest.


OTout au sud du village, on allait ordinairement au ruisseau qui passe au sud de chez Willie LeBlanc, maintenant chez Léonce d’Entremont. Un peu plus au nord, il y avait le ruisseau qui coule près de chez Simon Belliveau. Un troisième ruisseau se trouvait sur le chemin de l’Étang, en allant vers l’Étang du Nord. Au milieu du village on allait surtout chercher cette eau dans le ruisseau qui longe le chemin du Quagueniche en face de chez Lawrence Amirault. Dans la partie nord du village il y avait le ruisseau qui descend le long du chemin à Marie Jeanne; ensuite celui que l’on trouve dans le chemin qui mène à la «Clear Pointe»; puis enfin le «grand ruisseau» dans le passage du bois qui sépare le village de Pubnico-Ouest de celui de la Tête de la Rivière (Pubnico Head).


La raison principale pour laquelle on tenait à se procurer cette eau c’est qu’elle possédait des propriétés médicinales. Diverses versions de la prière qu’il fallait réciter au ruisseau ont été préservées par la tradition. Elles diffèrent un peu dans le choix des mots, mais elles disent toutes à peu près la même chose.


En voici quelques exemples:

  1. O mon Sauveur-Jésus, purifiez cette eau médicinale qui guérit tout mal et qui est féconde pour tout le monde.

  2. Voici cette eau si pure et féconde, bonne et médicinale pour toutes sortes de mals [sic].

  3. C’est Dieu qui purifie cette eau médicinale qui guérit tous les mals [sic] et qui est féconde pour tout le monde.


Eléodore d’Entremont avec un échantillon d’eau de Pâques. Il était un des premiers propriétaires du restaurant Red Cap à Pubnico-Ouest, celui qui fut construit en 1946. Éleodore est décédé le 21 août 1996 à l’âge de 85. Extrait de Les oubliés de notre patrimoine écrit par Rosaline LeBlanc (p. 49).

En parlant d’eau de Pâques, il est intéressant de faire remarquer que chez Eléodore (à Étiene) d’Entremont ils on trouve une bouteille de cette eau qu’ils ont conservée depuis 1917. C’est Eléodore lui-même qui est allé la chercher alors qu’il était encore tout jeune. On ne croirait pas combien elle est restée pure et limpide pendant tout ce temps. Eléodore et son épouse Marie la conserve encore bien précieusement.


Aussi, chez le frère d’Eléodore, Isaire, on peut également vous montrer une autre bouteille d’eau de Pâques qu’ils conservent depuis des années et qui se conservent très limpide aussi. Dans ce cas, l’eau a été puisée par leur fils Philippe, quand celui-ci n’était qu’un petit garçon, dans le ruisseau entre leur maison et le grand chemin. Madame d’Entremont, Thérèse, dit qu’elle se souvient très bien du matin que son jeune Philippe se leva de bonne heure, prit une petite bouteille, se rendit au ruisseau, enleva sa casquette, récita la prière demandée, plongea la bouteille dans le ruisseau et emporta l’eau au logis.


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