Dans une longue lettre adressée au président de la Société Historique du village, en date du 15 juin 1978, M. Wilfred d’Entremont, fils de défunt Jacques à Marc d’Entremont qui demeure aux États-Unis depuis 1920, se plaisait à rappeler des souvenirs d’autrefois lorsqu’il demeurait encore à Pubnico. Entre autres choses, M. d’Entremont disait:
Je me souviens de mon premier voyage en automobile, occasionné par la nécessité d’aller me faire arracher une dent chez le docteur Barton (Il possédait la seule automobile dans les environs).
Je me rappelle que notre vieille église fut démolie la même année que je commençai à aller à l’école.
Je me souviens de Magite à Paul qui faisait des couvertures à lit sur son métier.
Je me souviens que les mères de famille faisaient tous les vêtements pour la maison.
Je me souviens que lorsque les voiles de bâtiments devenaient usées et fragiles, les femmes les prenaient et les taillaient à la mesure de la «place» de la maison, puis les enduisaient d’une bonne couche de peinture pour en faire d’excellents «linoléums».
Dans ces temps-là on aimait à jouer des tours dans le voisinage, mais on ne s’acharna pas à briser le bien d’autrui.
Je me souviens, en particulier, du vieux cheval blanc à Armand. La pauvre bête un jour perdit «le goût du foin» et au cours de l’après-midi on traîna sa carcasse dans le parc voisin, avec l’intention d’en disposer le lendemain. Quelques jeunes gaillards des alentours, avant eut vent de ce triste trépas, allèrent trouver le cheval creuvé le soir, le redressèrent sur ses pattes, attendirent que le froid de la nuit eu fait son oeuvre pour le tenir sur ses pattes, puis le halèrent devant la grange. Le lendemain matin quand elle se leva, Mme d’Entremont (Léonice) crut voir une apparition. Elle cria à son mari: «Armand, Armand vient vite. Ton cheval est ressuscité et il est à la porte de la grange attendant pour entrer!».
Inutile de dire que ce dernier ne prit pas ça pour un beau jeu.