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83. LE « KLONDIKE »

Ce court texte a été rédigé en anglais par le père Clarence d’Entremont et publiés dans le Yarmouth Vanguard le 7 août 1990. Traduction de Michel Miousse


C’était vers 1896, l’année après son mariage, que mon père, James G. d’Entremont, construisit la maison dans laquelle il allait élever 9 enfants. C’était dans le but de vendre toute sorte de marchandise, spécialement celles qui étaient les plus nécessaires pour la vie de tous les jours. Dans ce modeste édifice, mon père allait poursuivre plusieurs lignes de travail, étant donné qu’il était « bricoleur » et « son propre patron. »


C’était de ce magasin qu’il dirigeait un groupe de peintres pour effectuer les travaux de rénovation que, en tant qu’entrepreneur, on lui avait demandé de réaliser. Dans ses temps libres, il était barbier, bien que son commerce de joaillerie absorbait presque tout son temps. La joaillerie faisait partie du quotidien depuis Adam et Ève, mais les montres et les horloges commençaient tout juste à devenir des nécessités de la vie.


Pour promouvoir son commerce, mon père avait étalé dans la grande fenêtre de son commerce quelque chose que Pubnico n’avait jamais vu avant, et qui était, une série de bijoux, de bagues, de montres, d’horloges, et même de réveils matin qui étaient quelque chose de plutôt nouveau à l’époque. C’était un étalage de brillants articles en or, qui étincelaient dans l’œil du passant.


L’année 1896 marque aussi la découverte de riches gisements d’or au Klondike, au Yukon, qui attira des milliers de prospecteurs de partout au Canada, des États Unis, de l’Australie, et même de partout dans le monde. Ce ne fut pas long avant que la bijouterie de mon père devint connue par les habitants sous le nom de Klondike. Ce nom est resté accroché au magasin de mon père aussi longtemps qu’il y a eu des gens pour se souvenir de la fièvre de l’or du Klondike. Dans mon enfance, c’était encore le nom d’une maisonnée à Pubnico.


Le Klondike alla si bien durant ses dix premières années, qu’en 1906 mon père y ajouta une annexe, qui allait devenir la salle de billard, mieux connue de nous comme la salle de pool. Il y mit toute sorte d’instruments pour que les garçons puissent s’amuser. Il acheta un « phonographe » par son frère, l’oncle Leander H. d’Entremont, qui était agent pour Thomas Edison. Ce phonographe spécial, qui jouait un disque cylindrique de deux minutes, est unique, du fait que pour le faire jouer, il fallait y déposer une pièce de monnaie américaine, le « Indian Head. » On m’a dit qu’il ne restait plus beaucoup de ces phonographes d’Édison qui fonctionnant avec ces « pièces » spéciales, qui jouait un disque de deux minutes ; celui que mon père possédait, qui est maintenant au Musée des Acadiens des Pubnicos, a été évalué dernièrement par un antiquaire à plusieurs milliers de dollars.


Il y avait aussi une machine à « électrochocs. » Vous mettiez une pièce dans la fente, teniez dans chaque main deux balles de métal, l’une d’elle attachée à un bras que vous deviez abaisser pour augmenter la puissance du choc.


Celle-ci est actuellement au Musée des Acadiens des Pubnicos elle aussi. Il y avait aussi une machine qui permettait aux garçons de mesurer leur habilité au coup de poing ; elle consistait en un disque plat en cuir souple légèrement concave, un peu similaire à un tabouret de piano. En le frappant, une aiguille enregistrait en livres la force de votre frappe.


Parmi les autres utilités auxquelles servait le magasin de mon père, il y avait le bureau d’assurance, lorsque mon père devint agent d’assurance. Ici aussi, la sœur de mon père, Tante Estelle, rassemblait un certain nombre de dames comme couturières, alors qu’une partie du magasin devint un magasin de robes. Ces dames, pendant qu’elles faisaient leurs travaux d’aiguille, tenaient en même temps le département de marchandise adjacent.


À l’époque, tout ce qu’on avait besoin dans une maison pouvait être acheté au Klondike : Craquelins, sucre, thé, café, oranges, bananes, pommes, oignons, nourriture en conserve et poudre ; toutes sortes de remèdes, en bouteilles ou en conserve, des onguents, du tabac, des friandises, du parfum, des pots de nourriture pour enfants, en plus de toutes sortes de bijoux, comme des bagues, des bracelets, des pendants d’oreilles, des montres et des horloges, etc., etc., sans oublier la crème glacée maison tous les samedis soirs. Bien sur, en ces jours là, vous ne trouviez jamais dans un magasin du pain ou du beurre ou des œufs ou des légumes ; tout ceci se faisait à la maison ou était tiré de la ferme.


Pour satisfaire la demande des clients, mon père pensa qu’il vaudrait mieux se débarrasser de la table de pool et transformer cette salle en département pour la peinture, la farine, la nourriture, l’huile de kérosène pour les lampes alors en usage.


Après que mon père en 1911 fut appointé comme officier des pêcheries pour tout le Comté de Yarmouth, il fut incapable de gérer le magasin efficacement, bien que, d’une petite pièce, qu’il avait aménagé à part pour son nouveau travail, il pouvait observer quelque peu ce qui se passait dans le magasin, avec l’aide d’un commis. Je dois ajouter ici que mon père a acheté la première machine à écrire à entrer à Pubnico Ouest. C’était une machine à écrire Remington avec les clés disposées comme un panier, tapant sur un rouleau en dessous. Cette machine à écrire est maintenant au Musée des Acadiens des Pubnicos.


En 1923, le Klondike fut transformé en pharmacie, et à partir de là, le nom Klondike fut remplacé par celui de « La Pharmacie*. » C’était la première pharmacie à Pubnico Ouest. C’était le Docteur J. Émile LeBlanc, qui a épousé ma sœur aînée, qui l’a ouvert. Une rallonge fut construite, ainsi la pharmacie n’occupait que la moitié de l’édifice, du côté sud. Cela fut fait pour accommoder la Co-op de Pubnico Ouest, connue sous le nom de « Coopérative Commerciale Acadienne », qui occupait l’autre moitié du magasin, le côté nord. Cette Co-op n’a pas fait long feu.


En 1939, M. Désiré d’Eon prit possession de cette partie nord, alors qu’il allait imprimer « Le Petit Courrier » pour les 33 prochaines années, jusqu’en 1972 alors que « Le Petit Courrier » est déménagé à Yarmouth. Je dois mentionner ici que M d’Eon a acquit de mon père l’édifice au complet en 1951. En 196 ?, il a construit une extension pour accommoder une nouvelle presse imprimée qu’il venait d’acheter.


En ce qui concerne la pharmacie, elle avait été en opération pour environ 20 ans, quand elle ferma ses portes, et la salle fut prise par l’Union du Crédit de Pubnico Ouest.


Ainsi, après que le nom de « Klondike » eut disparu, lui fut substitué le nom de pharmacie ; ensuite, elle fut appelée la Co-op ; et par la suite, pour le reste de sa vie, « Le Courrier » ou « L’Union du Crédit », qui continua à occuper la partie sud pour environ un an après que le Courrier eut quitté.


Lorsque L’Union du Crédit déménagea dans son nouvel édifice, l’ancien Klondike de jadis fut démoli, laissant une cicatrice dans le sol qu’elle avait si longtemps occupé et un souvenir nostalgique dans l’esprit de ceux qu’elle avait si bien servi.


Des dix commis du Klondike, dont nous avons le nom, trois vivent toujours, i.e., Blanche, ma sœur à Melrose au Massachusetts ; O.Comeau, né Doty, de Californie ; et Érite Boudreau, née d’Entremont, de Wedgeport.

78.SIMON « SQUIRE » D’ENTREMONT

Ce court texte a été rédigé en anglais par le père Clarence d’Entremont et publiés dans le Yarmouth Vanguard le 26 juin 1990. Traduction...

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