top of page

La «Blackfish»

For several years, when one entered Évée Amirault’s store, one could see a big fish tooth on the wall, upon which was registered the following date: 19 June 1919. This tooth belonged to the famous Blackfish that was caught that day in the harbour.


Jusqu’en 1908, il n’y avait que des bateaux à voile à Pubnico. À cette date, le premier «bateau à essence» a fait son entrée. Ce bateau fut construit à Yarmouth, peut-être par Gilbert Amirault. On pense qu’il aurait été construit à l’extérieur de Pubnico puisqu’il y avait très peu de matériaux pour construire des bateaux à cette époque à Pubnico. Le bateau mesurait 34 pieds de longueur et 9 pieds de largeur. À son bord, il avait un moteur «Knox», fabriqué à Rockland, Maine, aux États-Unis (Rockland est dans le comté de Knox), acheté à Yarmouth. Un M. Johnson en avait l’agence. Ce moteur avait 2 cylindres, 9 chevaux vapeur. Il avait une vitesse de 6 à 7 noeuds. Il avait une cale en forme de «V», ce qui demandait du lest. Aujourd’hui, un bateau tel le «Cape Islander» a une cale plate ce qui n’exige pas de lest. Le moteur se trouve en arrière, le gouvernail sur le côté arrière gauche. La cuisine et les couchettes se trouvent en avant («forecastle»). Extrait de Les oubliés de notre patrimoine écrit par Roseline LeBlanc (p. 121).

Le gros poisson s’était échoué à la perdante sur le bord du chenal qui passe à l’ouest de l’île au Blé, dans le havre de Pubnico. Il fut d’abord aperçu par François à Fulgence d’Entremont. François s’était enrôlé dans l’armée américaine lors de la première Grande Guerre et s’en était revenu chez-lui invalide. Il ne s’éloignait pas trop loin de la maison et souvent, pour se divertir, il aimait à promener ses yeux sur le havre dont on a une très bonne vue de la maison. Ce jour-là il aperçut quelque chose de noir sur le bord du chenal vers l’île au Blé et, prenant sa longue-vue, il vit que c’était un gros poisson qui, comme la mer perdait, ne pouvait plus se déloger de l’endroit où il s’était arrêté. François en avertit aussitôt ses voisins et, après le dîner, quatre d’entre eux, Raymond Amirault, Alcide Amirault, Joseph Eloi d’Eon et Abel à Vincent d’Eon, prirent une grande dory et décidèrent d’aller voir qu’est-ce que c’était que ce gros poisson. Ils apportèrent avec eux une longueur d’un gros câble, une couple de gros crochets (dont on se servait autrefois quand on peinturait une maison) et un fusil. Comme la mer était basse, on dut pousser la dory sur le platin jusqu’au chenal. Rendu sur les lieux, Abel prit son fusil et tira quelques coups (des balles) dans la tête du poisson; celui-ci n’en fit pas mine du tout. Nos hommes se rendirent compte qu’ils n’arriveraient à rien de cette façon et ils décidèrent de touer la «bête» en vie, quand la mer commencerait à monter. Ils amarrèrent un bout du câble à la queue da la «Blackfish» et l’autre bout à sa tête, en se servant des gros crochets qu’ils avaient apportés. Quand tout fut près et que la mer fut suffisamment montée, deux des hommes se mirent aux avirons. On aurait aussi bien fait de se prendre à une maison. La «Blackfish» n’était nullement disposée à se laisser tirailler de la sorte.


Entre temps, deux garçons du village, Adolphe d’Eon et son cousin Désiré d’Eon, avaient quitté le rivage avec une autre dory et allèrent rejoindre le groupe. On ajouta cette dory à la première, mais même avec quatre paires d’avirons la «Blackfish» était encore plus forte que nos quatre rameurs. Toutefois, pendant tout ce temps la mer continuait à monter et quand elle fut suffisamment haute Justinien à Pius d’Entremont vint avec son canot («gasoline boat») pour voir ce qu’il pourrait faire. Il se mit à la place des dory et la lutte recommença. Par moments, le canot avançait un peu de l’avant, en d’autres, il reculait. Mais avec assez d’effort et de patience on parvint à touer le gros poisson jusqu’au rivage, en bas de chez David Amirault.


L’on dénommait «T. Eaton», fils de David-Léon (à Simon-Germain). C’était plutôt un petit magasin; il y avait en vente des friandises, différentes boissons non-alcooliques et des nécessités de la maison. M. Amirault faisait ici métier de barbier. C’est dans ce magasin que se trouvait le Bureau-de-Poste de ce qui était autrefois «Upper West Pubnico» (Pubnico-Ouest le Haut); cette division a été abandonnée au cours des années. Ce magasin d’Évé Amirault a fermé ses portes il y a de très nombreuses années. Extrait de Histoire civile de Pubnico-Ouest écrit par Père Clarence J. d’Entremont (p. 164).

Le lendemain matin, bien qu’ayant été hors de l’eau, sur la côte, toute la nuit, la “Blackfish” était encore bien vivante. Pour en finir, on décida de la «saigner», comme on faisait pour les cochons. Ce que fit le vieux Elie d’Eon à l’aide de sa faux à foin.


Pendant toute la soirée du 9 juin, ainsi que le lendemain, un grand nombre de personnes du village vinrent voir le gros poisson; c’était en effet le plus gros qu’on avait jamais pris dans le havre. Il mesurait à peu près dix-huit pieds de longueur.


«Blackfish» est l’appellation populaire donnée à ce poisson par les Anglais. Son vrai nom est «Grampus». Il appartient à la famille de la baleine. Comme nom français, le dictionnaire donne «épaulard», mot masculin, et «orque», mot féminin.


Ces mammifères ont une épaisse couche de «lard» sur leur dos qui, un traitement, fournissent une bonne huile. Malheureusement, dans les deux barils d’huile ainsi extraite en ce cas l’huile fut un peu «brûlé» dans le précédé et on ne put obtenir que deux dollars le gallon. Notre horloger du temps, Jérome d’Entremont, eut plus de succès. Il réussit à sauver quelques bouteilles d’huile prises hors des mâchoires du poisson et s’en servit ensuite dans son travail.


N.B. La dent qui était au magasin d’Evée Amirault est maintenant au musée du village; don de Robert L. d’Entremont, neveu de la famille Amirault. Il en avait une autre chez Eugène d’Entremont dans la Ville du Ouest.


bottom of page