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11. BAPTISTE AVAIT LA RÉPUTATION D’AVOIR UNE FEMME DANS CHAQUE PORT.

Ce court texte a été rédigé en anglais par le père Clarence d’Entremont et publiés dans le Yarmouth Vanguard le 14 mars 1989. Traduction de Michel Miousse


Pierre Maisonnat, appelé Baptiste de Bergerac, le fripon dont je vous parlais la semaine dernière, n’était pas arrivé en Acadie depuis plus de quelques années quand, en 1693, il se maria. Elle s’appelait Madeleine Bourg, aujourd’hui Bourque, de Port Royal, à peine âgée de seize ans, fille de François Bourg et de Madeleine Boudrot, une des sœurs d’Alexandre Bourg, alors notaire à Grand-Pré.


Juste après le mariage, Baptiste aurait voulu emmener la nouvelle mariée à Québec, en prétextant qu’elle était en danger à Port Royal. La véritable raison, semble t-il, fut de dissimuler son mariage aux yeux de ceux qui lui connaissaient d’autres femmes en France ou ailleurs. Quoiqu’il en soit, deux ans après avoir fait l’éloge de Baptiste auprès du Ministère de France, Frontenac lui écrivait par la suite, le 2 novembre 1695, pour lui dire que son opinion sur Baptiste avait changé, qu’il avait entendu durant les deux ou trois derniers mois, qu’en plus de sa femme à Port Royal, il en aurait eu plusieurs autres en France et en Hollande. Vaudreuil, futur Gouverneur de Québec, pour sa part, affirme qu’il en avait une autre en France, qu’il aurait rencontré, pas très loin d’où il habitait.


Est-ce que notre capitaine marin avait vraiment une femme dans chaque port ? Ce que nous savons de source sûre, c’est qu’il en avait une à Bergerac, sa terre natale, qui répondait au nom de Judith Soubiron, née en 1660, de laquelle il eut une fille, née en 1689, nommée Judith-Marie Maisonnat.


Les nouvelles comme de quoi Baptiste aurait été polygame ont dû avoir l’effet d’une bombe sur la petite communauté de Port Royal, en cet été de 1695. Madeleine Bourg, qui en était venue à devenir sa femme et qui venait juste de donner naissance à une fille du nom de Marie-Madeleine Maisonnat, étant âgée d’environ 18 ans, n’avait plus qu’une chose à faire ; retourner à la maison de ses parents.


Baptiste, de son côté, avait aussi une chose à faire et c’était de retourner en France pour aller y chercher son épouse légitime. Il partit avant le premier octobre, prétextant aller chercher un vaisseau, mais en réalité, il allait ramener en Acadie Judith Soubiron et sa fille. Le 22 février 1696, le Ministre écrivait de Versailles que le « Roi avait accordé au Capitaine Baptiste, corsaire en Acadie, un passage sur le vaisseau de sa Majesté, ainsi qu’à sa femme, sa fille et deux serviteurs. »


Judith Soubiron, après avoir donné naissance en Acadie à deux autres enfants, Pierre et Jean, décéda le 19 octobre 1703 à Port Royal. Le 12 janvier 1707, Baptiste se remaria cette fois à une veuve du nom de Marguerite Bourgeois, née à Port Royal, fille de Jacques Bourgeois, premier du nom en Acadie.


Baptiste était son troisième mari, le premier était Jean Boudrot, fils de Michel Boudrot, lui aussi premier du nom en Acadie, et le second fut Emmanuel Mirande, un Portugais originaire des Açores ; il a donné son nom à la Butte à Mirande, aujourd’hui connue sous le nom de Mont Whatley, à 5 miles à l’est de Sackville au Nouveau-Brunswick.


Marie-Anne Maisonnat allait se marier deux fois en Acadie. Une première fois en 1704 à Port-Royal, à Christophe Caouette, qui devint un traître pour avoir été fait major de milice en Acadie par le gouverneur anglais, quand il dut déménager à Placentia, Terre-Neuve ; elle lui donna un enfant. Devenue veuve, elle quitta ensuite Terre-Neuve pour Louisbourg où elle épousa un certain Jean Marchand.


Pour ce qui est de Madeleine Bourg, elle se remaria aux environs de 1697-98 à Pierre Leblanc Jr. Fils de Pierre Leblanc et de Marie Terriot. Ils avaient 7 enfants. Par deux de leurs fils, ils sont les grands-parents des Leblanc de la Butte à Amirault et des Leblanc de Saint-Bernard.


Leur fils, Jean-Simon Leblanc, né en 1703, épousa à Port-Royal en 1722 Jeanne Dupuis, fille de Jean Dupuis et de Anne Richard. Leur sixième enfant, Amand Leblanc, né en 1738, fut emmené en exil avec ses parents, où il épousa aux environs de 1764, à Salem, Mass. Isabelle Mius (Muise), fille de François Mius et de Jeanne Duon (d’Eon). Amand a dû demeurer à Salem jusqu’en 1775 avec ses parents et sa belle-mère. De retour d’exil, il s’établit lui-même en premier lieu à Pubnico, où nous retrouvons sa famille en 1777. À partir de là, il s’installa définitivement à la Butte à Amirault, où il était connu sous le nom de l’Oncle Amand. C’est là que lui et sa femme décédèrent en 1805 et 1807 ; tous deux furent enterrés au cimetière de Sainte Anne du Ruisseau. Ils eurent au moins 4 enfants dont les descendants se retrouvent en grand nombre dans le comté de Yarmouth ainsi qu’au Massachusetts.


Un autre des fils de Pierre Leblanc Jr. et de Madeleine Bourg fut Charles Leblanc, né en 1716, qui épousa à Port-Royal en 1735 Madeleine Girouard, fille de François Girouard et de Anne Bourgeois. Ils échappèrent à la déportation et se réfugièrent aux environs de Miramichi, Nouveau-Brunswick. Au recensement d’Annapolis de 1763, il était avec sa femme et ses six enfants. Il y était toujours en 1769, où et quand deux de ses enfants se marièrent. En 1770, il n’avait plus que deux enfants avec lui. C’est alors qu’il s’en alla près de Baie Sainte-Marie* pour s’établir à Saint-Bernard, à un endroit appelé encore aujourd’hui L’Anse à Leblanc* ou simplement l’Anse des Blancs*. C’est là qu’il décéda le 30 octobre 1805 à l’âge de 85 ans. Sa femme fut enterrée le 8 juin de la même année moins de 4 mois auparavant. Il était connu sous le nom de Cha, prononcé Shaw, probablement issu des trois premières lettres de son nom. Il est l’ancêtre du premier Évêque Acadien, Monseigneur Edouard Leblanc, qui était Évêque de Saint-Jean, Nouveau-Brunswick, de 1912 à 1935.


En ce qui a trait à sa grand-mère, Madeleine Bourg, il n’y a rien qui puisse nous donner ne serait-ce qu’un petit indice sur la date de son décès. Pour ce qui advint de son premier enfant, Marie-Madeleine Maisonnat(sic), fille de Baptiste ? Je vous le ferai savoir la semaine prochaine.

30. LE PONT QUI ENJAMBE LE CANAL DE L’INDIEN*

Ce court texte a été rédigé en anglais par le père Clarence d’Entremont et publiés dans le Yarmouth Vanguard le 25 juillet 1989. Traduction de Michel Miousse Selon la légende, le nom de ce canal vient

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