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14. LA FEMME AU « COFFRET. »

Ce court texte a été rédigé en anglais par le père Clarence d’Entremont et publiés dans le Yarmouth Vanguard le 4 avril 1989. Traduction de Michel Miousse


Pierre Surette est né dans le bas du Ruisseau à l’Anguille*, le 30 juin 1869. La maison dans laquelle il est né est encore debout aujourd’hui, au-dessus de la colline, du côté est de la route 3, maintenant occupée par Ronald Dulong, le vidangeur. Son père était Julien Surette, de l’Ile Surette*, fils de Prosper et Monique Saulnier.


Très jeune encore, il quitte le bas du Ruisseau à l’Anguille pour les États Unis. Il choisit de s’établir à Wilmington, Massachusetts, à environ 15 milles au nord ouest de Boston. Il y avait déjà sur place un certain nombre de français du Comté de Yarmouth, même quelques-unes de ses connaissances.


Il n’eût pas à attendre longtemps avant d’être employé par un docteur prospère du nom de Henry Hiller. Le docteur Hiller avait mis au point une médecine grâce à laquelle il s’était amassé une jolie fortune. À une époque où l’automobile en était encore à ses premiers balbutiements, Pierre Surette allait devenir le conducteur de Hiller. Vous pouvez vous représenter ce jeune homme du bas du Ruisseau à l’Anguille fièrement perché sur la banquette avant d’une luxueuse calèche tirée par une paire de chevaux bien entretenus, paradant dans les rues de Wilmington et les routes secondaires des contrées voisines, emportant le docteur Hiller et sa femme dans une course effrénée.


Pierre Surette n’avait été au service du docteur Hiller que depuis peu lorsque celui-ci décéda, laissant une fortune considérable à sa veuve. Et c’est ainsi que « l’incroyable » se produisit ; la veuve du docteur Hiller allait marier le jeune chauffeur Pierre Surette du bas du Ruisseau à l’Anguille. Était-ce parce qu’elle n’aimait pas le nom de « Surette » ou plutôt qu’elle désirait conserver le nom de « Hiller ? » Ce qui devait arriver arriva, elle mandata un avocat pour obtenir de la Cour que le nom de Pierre Surette soit changé pour celui de Henry Hiller II. Ainsi, ce qui fut dit fut fait, la veuve de Henry Hiller I, âgée de 52 ans et fabuleusement riche, épousa en 1893 Henry Hiller II, auparavant nommé Pierre Surette du bas du Ruisseau à l’Anguille, qui venait tout juste d’avoir 24 ans ; et la veuve Hiller fut en mesure de conserver le nom de Madame Hiller.


Ce n’était là qu’une de ses multiples excentricités. La plus notable d’entre elles concerne le coffret de $10,000.00 qu’elle avait fait plusieurs années avant de mourir, lequel coffret coûterait aujourd’hui entre 10 et 20 fois le prix de l’époque. Périodiquement, elle se drapait de vêtements funéraires et, avec une suite complète de serviteurs qui l’accompagnaient, incluant bien sûr son jeune mari, elle s’allongeait de tout son long dans le cercueil, utilisant un grand miroir pour voir de quoi elle avait l’air, instruisant ses domestiques dans les moindres détails sur la façon dont elle voulait être drapée et vêtue lorsqu’elle allait mourir.


On peut se demander si elle avait vraiment bien compris le prêtre ou le ministre du culte ou qui que ce soit qui avait l’habitude de nous dire à nous, pauvres mortels, de bien nous préparer pour le jour où nous allions mourir.


Et bien, ce jour est venu pour elle en 1903, seulement 10 ans après qu’elle eut épousé son jeune cocher, son second mari. Ses funérailles et son enterrement furent une formalité, ayant été préparé depuis plusieurs années. Elle avait 62 ans ; il en avait 34. Il hérita de toute la fortune de sa femme, à laquelle il survécut 55 ans sans se remarier. Aucun doute qu’il devint l’homme le plus riche à être né dans le bas du Ruisseau à l’Anguille ou Sainte-Anne du Ruisseau.


Les gens de Sainte-Anne du Ruisseau vont se souvenir de ses visites dans son bas du Ruisseau à l’Anguille natal et chez sa parenté. Les vieux habitants vous diront que, ne résistant pas à la prohibition, il s’organisait pour passer en contrebande quelques « litres » de boisson au-delà de la frontière pour profiter de quelques jours avec ses anciens amis d’école et plus particulièrement en compagnie de son frère Louis.


Ceux-ci, de leur côté, à chacune de leurs visites aux Etats-Unis, en profitaient pour faire un détour par Wilmington, rendre visite au fils fortuné de Julien Surette et son splendide manoir, qui avait quitté le bas du Ruisseau à l’Anguille plusieurs années auparavant les poches vides, mais qui maintenant, étant passé des guenilles à la richesse, vivait la vie de Riley.


Il devait être octogénaire lorsqu’il devint invalide. C’est à ce moment qu’il s’en alla vivre avec sa sœur, Rose Angelina, de neuf ans sa cadette. Elle était bien connue à Wilmington sous le nom de Angelina Butters. Sa maison était située au 83 Middlesex Avenue pour ceux qui sont familier avec cette ville. C’est là que Pierre Surette, alias Henry Hiller II, décéda en 1958, entre Noël et le Jour de l’An. Il fut brûlé à mort dans son lit lors d’un incendie qui engouffra la simple chambre où il avait demeuré pendant plusieurs années, à quelques portes de sa somptueuse résidence, son vieux manoir couvert d’or. Il est mort de suffocation et de brûlures, peu après que sa sœur Angelina lui eut bourré sa pipe. Il avait 89 ans.


Et c’était l’histoire d’une personne qui, au Massachusetts, fut largement connue sous le nom de la « Femme au Coffret » ainsi que de son second mari du bas du Ruisseau à l’Anguille, le prénommé Henry Hiller II, auparavant appelé Pierre Surette, fils de Julien.


Cette histoire invraisemblable mais vraie à été racontée à maintes et maintes reprises, même du vivant de Pierre Surette. En outre, lors de sa mort, les journaux de Nouvelle Angleterre la racontèrent à nouveau dans ses détails.

30. LE PONT QUI ENJAMBE LE CANAL DE L’INDIEN*

Ce court texte a été rédigé en anglais par le père Clarence d’Entremont et publiés dans le Yarmouth Vanguard le 25 juillet 1989. Traduction de Michel Miousse Selon la légende, le nom de ce canal vient

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