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2. LES COLLINES DE HAUTE ARGYLE*.

Ce court texte a été rédigé en anglais par le père Clarence d’Entremont et publiés dans le Yarmouth Vanguard le 10 janvrier 1989. Traduction de Michel Miousse


Quand, sur la route 103, alors qu’on traverse la Rivière de l’Est*, mieux connue sous le nom de Rivière Argyle*, autrefois la Rivière Abuptic*, on aperçoit en amont de la rivière ces belles collines qui ressemblent à d’immenses croissants émergeant hors de l’eau, on a probablement pas idée des évènements dont ces collines furent témoins, ludiques comme tragiques, quand à une certaine époque la paix régnait sur ces collines alors qu’en d’autres temps elles furent inondées de sang. Des histoires concernant ces terres sont parvenues en grand nombre jusqu’à nous. J’espère être capable d’en raconter quelques-unes dans cette colonne. Aujourd’hui, j’ai l’intention d’exhumer quelques-uns des squelettes qui ont été enterrés ici, quelques reliques et pourquoi pas, peut-être même, quelques trésors qui ont été trouvés sur ces collines.


Reuben Abbott, un professeur d’école, fils de Joseph Abbott, de Haute Argyle, nous a laissé une description de l’épreuve que son grand-père Benjamin Abbott et d’autres personnes eurent à endurer durant le premier hiver qu’ils passèrent à Argyle en 1762-63, alors que pour nourrir leurs familles, ils durent abattre des « vaches françaises », que les Acadiens qui vivaient ici, avaient abandonné aux champs lorsqu’ils furent envoyés en exil. Il raconte aussi que quelques temps avant que les Anglais ne s’établissent ici, un vaisseau avait l’habitude de remonter la rivière en quête de bétail français. À l’endroit appelé les Chutes Hobbs*, un nombre de Français et d’Amérindiens* lui tendirent une embuscade, incendièrent le poste d’équipage du vaisseau pour ensuite en tuer ou en blesser tous les membres. Il existe une petite colline où sont enterrés les restes de ces hommes.


Cette petite colline est située près de la rivière ; c’est celle qui fut rasée lors de la construction du chemin de fer dans les années 1890, où 36 squelettes ont été trouvés. Les os cette fois furent réenterrés dans la moitié sud de la colline tronquée, en un endroit encore aujourd’hui bien défini et bien visible. Mais cette « seconde sépulture » ne fut complète que lorsque certains habitants du coin ramenèrent chez eux quelques ossements humains. J’ai rencontré, il y a quelques années, des gens de Haute Argyle qui m’ont révélé avoir vu dans leur enfance, dans une grange du voisinage, trois de ces squelettes suspendus à un crochet.


Les Chutes Hobbs, mentionné par Reuben Abbott, sont un peu plus vers le haut du ruisseau, de l’autre côté du vieux moulin, pour ceux qui replacent le coin. À l’ouest de la colline où les squelettes sont enterrés et toujours près de la rivière, il y a une autre colline, au dessus de laquelle il y a une excavation ou un trou assez large pour qu’un homme ou plus puissent s’y cacher.


La tradition veut que les Acadiens se cachaient dans ces trous et tiraient sur les intrus venant de la rivière. De l’autre côté de la rivière, sur la Butte à Jack* ( Jack Travis), un squelette d’Amérindien a été retrouvé avec un trou de balle dans le crâne.


Deux armes à feux et une baïonnette retrouvée sous la terre de la Butte à Nickerson*, au pied d’où vit actuellement Percy G. McQuinn, ont sûrement quelque chose à voir avec les combats qui ont eu lieu ici entre les Anglais, les Amérindiens et les Acadiens. Une de ces armes à feu est un vieux mousquet anglais retrouvé vers le milieu du siècle dernier. Les inscriptions qui apparaissent sur celui-ci démontrent qu’il a été fabriqué à London en 1636 ou quelques années plus tard. Il était fait pour être utilisé avec une fourche à fusil qui servait de support.


Sur le versant d’une autre colline, au Nord de la Butte à Nickerson et séparé d’elle par les vestiges du chemin de fer, ont été retrouvées un certain nombre de très petites balles de canon, d’environ un pouce de diamètre, qui correspondent au calibre du mousquet.


À propos de l’autre arme à feu découverte sur la Butte à Nickerson, je n’ai aucun détail, si ce n’est que ce fut un fusil à pierre déterré quand un trou fut construit pour la ligne électrique qui passe par ici maintenant.


Pour ce qui est de la baïonnette à trois lames encavées. Elle serait antérieure aux autres armes découvertes. Je suis devenu le fier possesseur de cette baïonnette et de ce mousquet, lesquels j’ai légué plus tard au Musée des Acadiens des Pubnicos*.


Selon la tradition, les Acadiens de la Rivière Abuptic auraient caché un butin qu’ils pensaient pouvoir sauver d’un petit lac, appelé l’Étang à Arnold*, à l’ouest de cette colline. Ce pactole était probablement ce que nous connaissons aujourd’hui comme étant quatre bouteilles de vin retrouvées au pied de la Butte à Nickerson, à environ 300 pieds au sud de la maison de M. Mc Quinn et à 75 pieds à l’ouest de la route. Il est fort probable que ces bouteilles contenaient du vin de messe devant être utilisé à la chapelle au-dessus de la colline. J’ai rencontré des habitants de Haute Argyle quelques années auparavant qui ont vu ces bouteilles. Elles n’étaient pas faites de verre mais de « pierre », plus probablement d’argile ou de faïence. L’histoire raconte qu’elles furent vidées un dimanche matin, et qu’il aurait été préférable, ce matin là, que les coupables assoiffés demeurent à la maison au lieu de se rendre à l’église.


Une dernière histoire peut-être racontée à propos de la Butte à Nickerson, en relation avec des trésors qui auraient été enterrés ici par les Acadiens. Cette fois c’était sur le versant Nord de la colline, il y a bien des années. La rumeur veut qu’il y avait des trésors enfouis à cet endroit. Alors, par une nuit sombre, quelques personnes munies de pics et de pelles creusèrent un assez large trou qui peut encore être vu de nos jours. Soudainement, une énorme créature noire à quatre pattes vint courir aux alentours, faisant beaucoup de bruit et poussant des cris non familiers. L’histoire raconte que croyant être en présence du diable, ils abandonnèrent tout et s’enfuirent pour sauver leurs vies.


Il appert que cette misérable créature n’était rien d’autre que le cochon de Nancy. Nancy avait sa maison sur le versant est de la colline. Plus personne ne s’est jamais préoccupé de retrouver ces soit disant trésors acadiens par la suite.


Reuben Abbott, dans son résumé sur la Butte à Nickerson, raconte qu’il y a là un « vieux cimetière français et qu’à peu de distance de l’endroit on peut apercevoir les ruines d’une chapelle française. » Ce site fut très bien défini et localisé ; en d’autres mots, nous savons exactement où il était situé. Reuben Abbott raconte qu’il y a « plusieurs petites clairières bien visibles en différents endroits, ainsi que les ruines d’une vieille digue et quelques vieux pommiers. » Dans ces clairières étaient situées les maisons acadiennes ; leurs caves sont encore là aujourd’hui. Il n’y a pas si longtemps, la digue était toujours visible sous l’eau du côté ouest de la Rivière de l’Est, traversant une de ses branches ; elle a disparu quand le pont qui enjambait cette partie de la rivière fut reconstruit. En ce qui a trait aux pommiers, se pourrait-il que leurs graines produisent encore des pommes ? Ça, c’est une autre histoire.

30. LE PONT QUI ENJAMBE LE CANAL DE L’INDIEN*

Ce court texte a été rédigé en anglais par le père Clarence d’Entremont et publiés dans le Yarmouth Vanguard le 25 juillet 1989. Traduction de Michel Miousse Selon la légende, le nom de ce canal vient

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