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22. LA PREMIÈRE RELIGIEUSE D’AMÉRIQUE DU NORD EST NÉE À NOS PORTES.

Ce court texte a été rédigé en anglais par le père Clarence d’Entremont et publiés dans le Yarmouth Vanguard le 30 mai 1989. Traduction de Michel Miousse


Elle s’appelait Antoinette de La Tour, fille de Charles de La Tour et d’une femme Amérindienne, née à Port La Tour en 1627.


Dans l’histoire de la semaine dernière, je vous ai dit que deux des hommes de Biencourt étaient pères d’enfants dont les mères étaient des femmes Amérindiennes ; l’un d’eux était Louis Lasnier ; l’autre était Charles de La Tour. Nous connaissons trois de ces enfants de Charles de La Tour, toutes des filles nées à Port La Tour. Selon les spéculations, il se pourrait bien qu’il ait eu aussi quelques garçons. Tous ces enfants sont nés après la mort de Biencourt en 1623, quand Charles de La tour prit en charge les hommes dont je vous ai parlé dans l’histoire précédente ; Chebogue fut définitivement abandonné pour Port La Tour. Ils étaient au plus 20 hommes en tout.


Sa première fille fut Jeanne de La Tour, née en 1626. Elle épousa, dans la ville actuelle de Castine, Maine, un riche marchand du nom de Martin d’Aprendestiguy, originaire d’une contrée Basque, au sud-ouest de la France. Elle a eu 5 enfants. Elle est l’ancêtre d’un bon nombre d’Acadiens, de tous les Bourgeois ainsi que de plusieurs Boudreau, Dugas, Leblanc, etc.


L’année suivante naissait Antoinette de La Tour, celle qui nous intéresse ici. La naissance de la troisième fille dont nous ignorons le nom, suivit peu de temps après.


En 1632, Charles de La Tour emmena ses trois filles en France au même moment où Louis Lasnier emmenait en France son fils unique, André Lasnier, dont nous avons parlé la semaine dernière.


Antoinette fut placée par son père chez une de ses relations de La Rochelle, Madame de Saint-Hilaire. Quelque temps après, Claude de Razilly, frère d’Isaac qui, en 1632 avait emmené un groupe de colons de France s’établir à La Hève, tenta d’installer Antoinette avec sa sœur, qui était une religieuse de l’Abbaye Bénédictine de Touraine, située environ à mi-chemin, en ligne droite entre Paris et La Rochelle. Mais Madame de Saint-Hilaire qui était une Protestante (Huguenot), « très zélée à propos de sa religion » refusa de la laisser partir, de peur que l’enfant ne soit « pervertie » par de fausses doctrines. Voyant cela, Claude de Razilly fit appel à un oncle du Cardinal Richelieu, dont je vous ai parlé la semaine dernière. Le treize juin 1634, Antoinette entrait à l’Abbaye de Touraine.


Neuf ans plus tard, en 1642, Antoinette demanda à être reçue dans l’Ordre des Bénédictines, ce qui fut fait. Les auteurs nous disent que cela constitue une preuve que ses parents étaient bel et bien mariés.


En effet, les enfants nés en dehors des liens du mariage n’avaient pas le droit de devenir religieuse ; il était exigé en dernier recours, qu’au moment de faire leur entrée dans les ordres, leurs parents soient mariés. Bien que Charles de La Tour et la mère Amérindienne de ces trois filles furent mariés ; ce mariage avait bien pu avoir lieu avant ou après leurs naissances.


Quand Antoinette prit enfin le voile, un grand nombre de personnes de haut rang et quelques-uns des principaux dignitaires de la ville, incluant le Représentant du Roi et l’Assesseur ainsi que leurs femmes, des ducs et des duchesses étaient présents. La plupart d’entre eux étaient venus pour y entendre la plus belle des voix. En effet, après son arrivée au couvent, on ne mit pas longtemps à découvrir qu’elle avait une voix « hors du commun. » On lui donna des leçons de musique pendant huit ans. Un certain Frère Franciscain, après l’avoir entendu une première fois, revint par trois fois pour l’entendre chanter. Plus encore, il fit à la Reine de France un tel éloge de sa voix qu’elle voulût l’entendre chanter et que, pour ce faire, elle lui envoya une diligence qui devait l’emmener dans un couvent de Paris, « laissant même tous les autres sièges inoccupés, de sorte qu’il n’y avait personne d’autre à bord. » Cela se passait en juin 1644.


La Reine allait réunir tous les hauts dignitaires de la Cour Royale pour entendre Antoinette. Après l’avoir entendu chanter, la Reine voulut la garder à Paris. Mais après trois mois, Antoinette la supplia humblement de la laisser retourner à son ancien couvent. Ainsi, après avoir chanté plusieurs fois pour la Reine et sa suite, elle s’en retourna à l’Abbaye Bénédictine de Touraine.


C’est là qu’elle allait prononcer ses vœux en 1646, en présence de l’Intendant de Touraine, du Lieutenant-Général, du Procureur du Roi, du Président et de l’Assesseur, en plus d’un grand nombre d’autres personnalités de haut rang.


Ainsi, Sœur Antoinette, cette enfant native de Port La Tour, premier enfant né en Amérique du Nord à devenir religieuse, après avoir captivé les personnalités de haut rang avec sa belle voix de jeunesse, préféra à la splendeur du couvent que la reine venait juste de faire construire, le cloître moins reluisant des Sœurs Bénédictines de Touraine, où, dans son effacement, elle s’isola si bien du monde extérieur qu’on n’entendit plus jamais parler d’elle par la suite. Son nom n’est mentionné qu’une seule fois, en tant que marraine lors du baptême de sa nièce, fille de Jeanne, qui eût lieu le 14 mars 1660 à La Rochelle et à laquelle ils donnèrent le nom d’Antoinette.


Pour ce qui est de la plus jeune de ses sœurs dont nous ignorons le nom, aussitôt arrivée en France avec le reste de la famille, son père demande à Claude de Razilly d’en prendre soin. Il l’emmène dans un premier temps chez sa sœur à l’Abbaye des Bénédictines en Touraine, lesquelles auraient bien aimé la garder avec elles mais son frère leur annonça qu’il avait promis aux Sœurs Ursulines du coin de la confier à leurs bons soins. C’est à ce moment qu’il fut convenu que la sœur de Claude s’occuperait d’Antoinette. Nous ne savons pas grand chose de cette troisième enfant, si ce n’est qu’elle est décédée quelques années plus tard au couvent des Ursulines.


Et ceci conclut l’histoire de ces enfants qui sont nés, pas loin d’ici, concédant quelques premières à nos voisins de Port La Tour, l’une d’entre elles était probablement la première « Star » jamais née dans leur milieu.

30. LE PONT QUI ENJAMBE LE CANAL DE L’INDIEN*

Ce court texte a été rédigé en anglais par le père Clarence d’Entremont et publiés dans le Yarmouth Vanguard le 25 juillet 1989. Traduction de Michel Miousse Selon la légende, le nom de ce canal vient

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