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23. LA FAMILLE WRAYTON-MACDONNEL: SA PROSPÉRITÉ ET SES TRAGÉDIES.

Ce court texte a été rédigé en anglais par le père Clarence d’Entremont et publiés dans le Yarmouth Vanguard le 6 juin 1989. Traduction de Michel Miousse


Durant l’hiver 1831-32, arrive à Barrington le brick « Mary » et son maître de bord, le capitaine Duncan de Dublin. En entrant dans le port, le brick heurte un haut fond. Duncan réussit à s’en déprendre et, par la suite, se dirige à sept milles au large en compagnie de l’équipage de sauveteurs et des passagers, hommes, femmes et enfants. Ils furent obligés de pomper et d’écoper toute la nuit pour empêcher le brick de couler. De plus, le vaisseau était à court de provisions. Rejoignant finalement le rivage, les passagers qui pour la plupart étaient en chemin pour St-Jean N.B., furent pris en charge par les habitants pendant qu’on réparait le vaisseau. Par la suite, le capitaine essaya de s’enfuir sans payer pour les travaux, accusant même les gens de Barrington de l’avoir maltraité. Il fut finalement appréhendé ; l’un de ceux qui témoignèrent contre lui était Michael Wrayton, un des passagers.


Michael Wrayton, à 22 ans, était venu au Canada pour tenter sa chance. Né à Dublin le 18 mars 1809, il allait accumuler une fortune dans son nouveau pays d’adoption. Établi à l’Anse au Docteur*, il y prospéra jusqu’à ce qu’il devienne propriétaire d’une entreprise considérable, comprenant des magasins, un quai et plusieurs vaisseaux pour le commerce des Indes Occidentales.


Vers 1860, il acheta l’Île Stoddard* du fils de John Stoddard et y déménagea sa famille. Cette île était connue des Acadiens, lorsqu’ils vivaient dans les environs, sous le nom « l’Île de la Rechevire », que les Anglais traduisirent par « Turned Rock. » Du temps de Michael Wrayton, elle fut connue sous le nom de « l’Île Wrayton* », bien que lui-même lui ait donné le nom « d’Île Émeraude* », ayant choisi ce nom pour lui donner une touche Irlandaise.


Ce fut un an ou deux après son arrivée qu’il épousa Mary Sophia Cunningham, fille du capitaine Cunningham de Shelburne. En 1840, elle allait devoir supporter une des premières tragédies qui allaient s’abattre sur la famille lorsque son père fut tué par des pirates alors qu’il revenait de Cuba vers Halifax sur le brigantin le « Vernon. » Après avoir vidé la cargaison du vaisseau, les pirates le brûlèrent et s’éloignèrent avec trois membres de l’équipage, puis ils tranchèrent la gorge du capitaine Cunningham avant de le jeter par-dessus bord, ils firent de même avec le cuisinier de couleur, le tuant finalement d’un coup de feu. Le troisième membre d’équipage, ayant été témoin du massacre, sauta par-dessus bord et s’éloigna en nageant sans être repris. Il fut sauvé par un bateau Espagnol, qu’il dirigea vers la planque des pirates. Ils furent faits prisonniers, pour ensuite être battus et exécutés.


Michael Wrayton et Mary Sophia Cunningham avaient une grosse famille de huit ou neuf enfants. Celle qui nous intéresse ici était leur fille, Sophia E., née le 22 février 1853.


Elle fut unie dans le mariage le 28 mai 1872 par le Père Wm. McLeod de Pubnico Ouest, au capitaine William Fraser MacDonnell de Cap Breton, fils de Angus et Mary Biglow, qui était venu au Bas Argyle*, où il devint prospère grâce à son entreprise de commerce. C’était le troisième mariage de MacDonnell, sa première femme avait été Rebecca Hipson, qui lui donna deux enfants, Roy R., né le 19 février 1874 et Ina I., née le 16 août 1876 et baptisée par le Père McLeod, le 16 novembre sous le nom d’Arabelle.


L’année 1879 en fut une des plus désastreuse pour la famille. Le 9 mars, décéda à l’âge trois ans, Minia Mabel, fille de Arthur M., lui-même fils de Michael. Le 7 septembre décéda Mary Sophia, matriarche de la famille et femme de Michael. Puis, le 7 décembre, une véritable tragédie s’abattit sur la famille Wrayton-MacDonnell, lorsqu’en ce dimanche, Michael Wrayton quitta l’Île Émeraude sur sa goélette le « Village Belle », un 25 tonnes, appartenant à son gendre, William F. MacDonnell, pour rendre visite à sa fille Sophia au Bas Argyle. Il y avait avec lui son plus jeune fils, Lovell Edgeworth, âgé de 19 ans et sa plus jeune fille, Catherine Eugene, connue sous le nom de Cassie Eugene, âgée de 17 ans. Avec eux à bord, il y avait aussi Jacob Sears. Entre une heure et deux heures, la goélette a été vue en train de couler à Argyle Sound. Les bateaux furent immédiatement dépêchés sur la scène du désastre. Les corps de Michael Wrayton et de sa fille furent retrouvés mais ceux de son fils et de Jacob Sears furent introuvables. Lorsque vous visiterez le cimetière de L’Immaculée Conception de Pubnico Est, vous pourrez voir, non loin de l’entrée sur votre gauche, une pierre tombale sur laquelle sont inscrits tous ces noms.


Ce ne furent malheureusement pas les seules tragédies à s’abattre sur la famille. Arthur M.Wrayton, précédemment mentionné, que le Père McLeod avait uni dans les liens du mariage le 20 janvier 1874 à la maison de Michael Wrayton sur l’Ile Émeraude à Lucy Alice Windsor de Halifax, était aussi devenu le propriétaire et le maître de plusieurs goélettes commerciales. Nous connaissons l’histoire de sa goélette le « Wild Rose » qui avait heurté un récif dans les bancs de Yarmouth dans la nuit du 13 novembre 1882 et devint une perte totale ; l’équipage fut sauvé. Mais ce fut une autre histoire en cette nuit du dimanche 14 mai 1892 alors qu’il traversait de Havre aux Cormorans* jusqu’à l’Île Émeraude. Son bateau fut retrouvé le matin suivant et le soir venu, son corps fut rabattu sur la côte. Il avait 42 ans et laissait une veuve et neuf enfants.


William Fraser MacDonnell déménagea à Boston avec sa famille vers 1885. Il est mort à Chelsea le 14 juin 1891. Il se faisait appeler quelque fois « Mac Donald. » C’est dans le voisinage de Boston que sa fille Ina I. épousa un millionnaire du nom de Jewell A. Dowling. Ils n’eurent aucun enfant. Lorsque Dowling décéda, il laissa une fortune considérable à sa veuve. Un jour, alors qu’elle était assise dans une voiture, au nord de Boston, en compagnie de trois ou quatre autres femmes—cela se passait le 20 avril 1958—la voiture se mit à dévaler une colline jusque dans un lac où elles se noyèrent toutes. Elle n’avait pas d’enfants, pas de frères, pas de sœurs et aucune descendance.


Mais elle avait des neveux et des nièces en grand nombre, issus des deux premiers mariages de son père, et qui eux, avaient des enfants.


Ayant eu vent que je possédais quelques statistiques vitales sur les deux familles, Wrayton et MacDonnell, que j’avais rassemblé pour la plupart à partir de registres d’églises, les différentes parties vinrent d’aussi loin que la Californie pour obtenir des informations sur les liens de filiation qu’elles pouvaient avoir avec Ina I. MacDonnell Dowling, alias Arabelle.


Entre temps, avant que le procès ne débute à Boston, la Cour de Floride et un avocat avaient retiré de l’état une somme de $100,000. pour leurs honoraires. Tous les problèmes découlèrent du fait que les certificats des deux premiers mariages de William Fraser MacDonnell ne purent être retrouvés. J’ai été incapable de connaître l’issue du procès qui s’était déroulé à Boston.



30. LE PONT QUI ENJAMBE LE CANAL DE L’INDIEN*

Ce court texte a été rédigé en anglais par le père Clarence d’Entremont et publiés dans le Yarmouth Vanguard le 25 juillet 1989. Traduction de Michel Miousse Selon la légende, le nom de ce canal vient

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