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31. LA PREMIÈRE EXPULSION DES ACADIENS DU SUD DE LA NOUVELLE ÉCOSSE EN 1756.

Ce court texte a été rédigé en anglais par le père Clarence d’Entremont et publiés dans le Yarmouth Vanguard le 1 août 1989. Traduction de Michel Miousse


Comme les Acadiens qui vivaient dans la région de Cap Sable, laquelle région comprenait avant l’Expulsion les Comtés de Shelburne et Yarmouth, ne furent pas envoyés en exil en 1755 avec ceux de Port-Royal et Grand-Pré, certaines personnes sont restées sous l’impression que ceux-ci n’avaient pas été expulsés. Dans les faits, il y eut trois Expulsions dans la région de Cap Sable, une en 1756, une en 1758 et une en 1759.


C’est un fait cependant que ces Acadiens ne furent pas molestés en 1755. Un certain nombre d’Acadiens de Port-Royal et de la région des Mines, ayant eu vent que ces Acadiens n’avaient pas été embêtés, entreprirent de marcher dans la forêt pour trouver refuge dans ce qu’ils croyaient être un abri sur. Mais ils se trompaient.


En réalité, le Lieutenant Gouverneur Lawrence ignorait au départ qu’il y avait des Acadiens dans cette région. Mais le 9 avril 1756, il écrit à Preble, commandant officier d’un bataillon de la Nouvelle Angleterre qui aida Lawrence dans son projet d’expulsion des Acadiens du sud de la Nouvelle Écosse. Il lui demande alors de les emmener à Boston, après avoir brûlé et détruit toutes leurs installations et confisqué tous leurs biens et animaux domestiques.


Preble quitta Halifax en compagnie de plusieurs vaisseaux. Il arrive à Port La Tour dans la soirée du 21 avril. Comme les établissements Acadiens étaient situés de l’autre côté de la Péninsule Baccaro*, le long de la Baie de Barrington et du Passage Barrington*—Villagedale, Barrington, l’Île Sherose*, l’Anse au Docteur, Havre aux Cormorans—il eut à traverser la péninsule pour se rendre jusqu’à eux. Le 24 avril, à bord du Vulture, il écrit à Lawrence, lui disant qu’après un voyage éreintant, il arrive à Port La Tour le 21 et débarque 167 soldats. Durant la nuit, ils traversèrent la péninsule à pieds et surprirent les Acadiens dans leur sommeil. Ils incendièrent 44 bâtiments. Ils menèrent ensuite les prisonniers jusqu’aux nombreux vaisseaux qui attendaient au « Passage Baccaro. » Ils étaient 72 en tout.


Les vaisseaux arrivèrent à Boston entre le 28 et le 30 avril. Lawrence avait confié à Preble une lettre destinée à Shirley, Gouverneur du Massachusetts, lui disant que s’il ne désirait pas accepter ces Acadiens, il n’avait qu’à les envoyer en Caroline du Nord. Mais Shirley se dit qu’il ne pouvait pas accueillir plus de Français Neutres, comme ils étaient appelés à l’époque, que ceux qui étaient déjà sur son territoire. Un vaisseau fut donc engagé pour emmener ces Acadiens de Cap Sable jusqu’en Caroline du Nord. Le capitaine de cette cargaison devant remettre une lettre au Gouverneur de la Caroline du Nord qui stipulait que s’il ne voulait pas accepter ces Acadiens, il n’avait qu’à dire au capitaine du vaisseau ce qu’il voulait qu’il en fasse.


Le vaisseau était supposé partir le 11 mai. Durant tout ce temps et jusqu’à leur arrivée, ces Acadiens durent vivre sur le vaisseau ou sur le quai.


Après qu’ils furent embarqués à bord du vaisseau qui devait les emmener en Caroline du Nord, ils entendirent le capitaine donner des ordres de se départir de leurs bagages et apprirent seulement par la suite quelle était leur destination.


Aussitôt « une Grande Dissension » se répandit parmi les Acadiens, qui se frayèrent un chemin sur le quai avec leur bagage. Ils dirent qu’ils préféraient mourir sur les quais de Boston plutôt que d’aller en Caroline du Nord. Au même moment, ils firent parvenir une lettre au Gouverneur du Massachusetts et son Conseil, leur signifiant que de les envoyer en Caroline du Nord revenait à les condamner à mort, étant donné que là, il leur serait impossible de faire ce qu’ils avaient l’habitude de faire pour survivre, c’est à dire la pêche. Alors qu’au Massachusetts ils pourraient travailler pour subvenir à leurs besoins.


Le 14 mai, Thomas Hancock, qui avait été mobilisé pour approvisionner les troupes Britanniques en Nouvelle Écosse, intervint en leur faveur en demandant au Gouverneur et à son conseil de leur permettre de rester encore 14 jours à ses propres frais. Si passé ce délai, il était décidé qu’ils devaient quitter, lui-même se chargerait d’engager un vaisseau et s’assurerait que leur demande serait exaucée.


Le 27 mai, Thomas Hancock informa le Gouverneur et son Conseil qu’il était prêt à engager un vaisseau pour emporter ces Acadiens jusqu’en Caroline du Nord, tout en leur brossant un triste tableau de leur état, allant même jusqu’à plaider pour qu’on les laisse vivre au Massachusetts. Un comité fut mis sur pied pour étudier cette affaire. Leur réponse vint dès le jour suivant, le 28 mai ; ils proposèrent qu’ils soient installés tout le long de la côte entre Plymouth et Gloucester. Cette proposition fut approuvée par le Gouverneur et son Conseil.


Ce fut une de ces rares occasions où le Gouvernement démontra quelques sympathies envers les Acadiens. Je me dois de spécifier cependant que c’est un fait que les Acadiens avaient très peu de raisons de se plaindre du comportement du gouvernement du Massachusetts à leur égard, à l’exception des ordres qui furent souvent donnés de séparer les membres d’une même famille. Mais, pour ce qui est de ceux qui assuraient la supervision des exilés, trop souvent hélas, ce fut une autre histoire.


Je tiens à remercier les archives du Massachusetts, qui contiennent près de 2000 documents relatifs aux Acadiens en exil dans cet État, nous pouvons suivre très précisément les endroits où tout un chacun se retrouvait durant leur séjour au Massachusetts, leur mode de vie, leurs demandes, leurs frustrations, leurs souffrances, leurs maladies, et nous savons qui sont ceux qui n’ont pu s’y faire et qui, nous ont quittés pour un monde meilleur.


Ils allaient demeurer au Massachusetts, quelques-uns jusqu’en 1766, d’autres, jusqu’en 1775, à l’aube de la Révolution Américaine. Dans un article subséquent, je vous ferai savoir de quelle façon les ancêtres des Acadiens du Comté de Yarmouth d’aujourd’hui sont revenus en Nouvelle Écosse.


La semaine prochaine, je vous parlerai de la seconde expulsion des Acadiens du sud de la Nouvelle Écosse qui eut lieu en 1758.

30. LE PONT QUI ENJAMBE LE CANAL DE L’INDIEN*

Ce court texte a été rédigé en anglais par le père Clarence d’Entremont et publiés dans le Yarmouth Vanguard le 25 juillet 1989. Traduction de Michel Miousse Selon la légende, le nom de ce canal vient

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