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32. LA SECONDE EXPULSION DES ACADIENS DU SUD DE LA NOUVELLE ÉCOSSE

Ce court texte a été rédigé en anglais par le père Clarence d’Entremont et publiés dans le Yarmouth Vanguard le 10 août 1989. Traduction de Michel Miousse


Bien que le raid de 1758 à Cap Sable qui allait mener à la seconde Expulsion, condamna moins d’Acadiens à l’exil que les deux autres, celui de 1756 et de 1759, il fut néanmoins le plus dévastateur des trois, le plus étendu, celui qui allait durer le plus longtemps, alors que de la mi-septembre jusqu’à la fin octobre, il sema la destruction de Pubnico jusqu’à Chegoggin, pillant tout ce qui pouvait être détruit et réduisant en cendres tout ce qui pouvait brûler.


Après que les Acadiens qui vivaient dans ce qui est l’actuel Comté de Shelburne furent envoyés en exil en 1756, Lawrence apprit que d’autres Acadiens vivaient encore dans ce qui est l’actuel Comté de Yarmouth. Dans les faits, ils étaient établis dans le Haut Pubnico Est* le long de la Rivière Argyle, incluant l’Île Robert*, à Chebogue et à Chegoggin.


Le raid fut effectué sous la direction du Major Roger Morris, capitaine du 35ème régiment des forces Britanniques en Amérique du Nord, agissant sous le commandement du Colonel Monckton, Lieutenant-Gouverneur de la Nouvelle Écosse. Morris quitta Halifax pour Cap Sable le 11 septembre en compagnie de 325 soldats. Sa flotte était constituée de deux bâtiments de guerre, auxquels vinrent se joindre en chemin, un bateau de transport et un bateau pilote. Ils jetèrent l’ancre à l’embouchure de la Rivière Argyle dans la soirée du 15. Aussitôt, le Capitaine Gorham quitta les lieux en compagnies de 40 à 50 rangers pour explorer la région. Il revint le lendemain matin, ayant découvert des champs de patates et de tabac, mais aucune trace d’Acadiens. Ils continuèrent vers Frost Corner où ils découvrirent d’autres champs qui avaient été récemment travaillés.


Le jour suivant, le 17, le Capitaine Watmough piqua à travers les bois jusqu’à Pubnico. Ayant repéré une agglomération de maisons du côté est du port, il fit demi-tour pour en avertir Morris. Morris, après avoir détruit tous les jardins, quitta Frost Corner, et dans la soirée du 20 septembre ancra sa flotte au beau milieu du Havre de Pubnico.


Immédiatement après le débarquement, ils se mirent à suivre les traces que quelques Acadiens avaient laissé et qui menaient jusqu’au Haut Pubnico, et, à environ cinq miles plus loin dans les bois, ils perdirent leurs traces. Étant incapables de trouver les Acadiens, Morris envoya une centaine d’hommes du côté ouest du havre où ils avaient repéré deux maisons sur une élévation où se trouve le Vieux Cimetière. Ils brûlèrent les maisons et ravagèrent les jardins contigus. Ceci se passait le vendredi en 22. Le jour suivant, ils procédèrent au pillage du village de Pubnico Est et au saccage des édifices, incluant l’Église, le presbytère et le Manoir de la famille d’Entremont, tous situés au nord du Ruisseau Hipson, ainsi que toutes les autres maisons, granges et remises.


Après avoir dévasté tous les jardins potagers, Morris embarque la plupart de ses hommes, laissant à Gorham la tâche de tout incendier. À 11 heures ce matin là, tout était consumé.


Morris aurait bien aimé pouvoir quitter le lieu du crime au plus-tôt mais un vent de la force d’un ouragan retarda son départ jusqu’au samedi suivant, le 30 septembre, où il fit route vers le Passage de la Goélette* et Pointe Chebogue*. Aussitôt, Gorham fut envoyé explorer les établissements Acadiens de Chebogue. Le jour suivant, qui était un dimanche, il rapporta ce qu’il avait vu à Morris et quitta de nouveau le même jour pour pousser plus avant son exploration, emportant assez de provisions pour durer 4 jours. Il était accompagné de 20 rangers, qui furent rejoints le lundi par 72 autres. Le mercredi 4 octobre, Gorham s’en retourna livrer le compte rendu suivant à Morris : Neuf maisons munies de cheminées furent brûlées, plus une Maison Commune, neuf fermes et remises et six meules de foin ; furent capturés ou tués 12 moutons, environ 50 boisseaux de patates et de navets. Il ajoute qu’ils avaient repéré des empreintes de pas d’hommes et d’animaux près de la rivière qui étaient encore toutes fraîches.


Ceci ayant été fait, Morris et sa flotte continuèrent leur chemin et entrèrent dans le Havre de Yarmouth. C’était le dimanche 8 octobre, Gorham, avec deux baleiniers continua de naviguer jusqu’à ce qu’il arrive aux établissements Acadiens de Cheggogin qu’il découvrit par hasard. Le dimanche après midi, il surprit le Père Desenclaves à l’église en compagnie de la congrégation, constituée de neuf familles comprenant 61 personnes en tout. L’église était située au sommet d’une belle colline à l’ouest de la rivière, faisant face au vieux concasseur d’or qui avait déjà été de l’autre côté de la route. Une mère avec six enfants vinrent joindre les rangs portant le total à 69 personnes. Gorham apprit du père Desenclaves qu’il y avait encore 21 familles Acadiennes et six familles Amérindiennes dans le haut de la Rivière Tousquet. Après avoir confisqué toutes les armes qu’il put trouver, Gorham barra la chapelle avec tous les Acadiens à l’intérieur. Il envoya immédiatement un message à Morris lui demandant de l’aide. Cela leur prit environ une semaine pour cueillir les légumes et rassembler tous les animaux domestiques.


Entre temps, le Père Desenclaves, afin d’éviter la colère des oppresseurs, sentit qu’il devait révéler l’emplacement du « Village de Tousquet, » comme il est appelé dans les documents et qui était localisé à environ 15 miles à l’intérieur des terres, au nord et à l’embouchure du Lac Vaughan*, assez en aval du petit pont qui enjambe les Chutes Reynard*. C’est à cet endroit que le Père Desenclaves lui-même habitait. Il le prirent avec eux sur le bateau. Après avoir cherché partout sans trouver un seul Acadien, ils rasèrent tout ne laissant plus que cendres et poussière.


Ce ne fut pas avant le 28, qui était un dimanche, que l’embarquement eut lieu, mais ce ne fut que pour les femmes et leurs enfants, les maris et les fils ayant été réquisitionnés par Morris pour l’aider à « finir le travail » à leurs établissements. Un détachement allait rester sur place pour ravager tout ce qu’il y avait « d’Acadien » dans la région. On a rapporté que plusieurs « grands feux inhabituels » purent être vus d’Annapolis en ce 17 novembre, apparemment « occasionnées par les fêtes du détachement de Cap Sable, qui était en train de brûler les établissements et nettoyer la contrée. »


Le mardi, 31 octobre, la flotte quitta le Port de Yarmouth avec sa cargaison de 68 Acadiens et le Père Desenclaves. Ils furent confinés à Halifax jusqu’au début de l’année suivante alors qu’ils furent envoyés en France où, ceux qui avaient survécu arrivèrent le 16 février.


La semaine prochaine, je vais vous parler de la troisième Expulsion des Acadiens du sud de la Nouvelle Écosse, qui eut lieu en 1759.

30. LE PONT QUI ENJAMBE LE CANAL DE L’INDIEN*

Ce court texte a été rédigé en anglais par le père Clarence d’Entremont et publiés dans le Yarmouth Vanguard le 25 juillet 1989. Traduction de Michel Miousse Selon la légende, le nom de ce canal vient

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