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33. LA TROISIÈME EXPULSION DES ACADIENS.

Ce court texte a été rédigé en anglais par le père Clarence d’Entremont et publiés dans le Yarmouth Vanguard le 15 août 1989. Traduction de Michel Miousse


Nous avons vu la semaine dernière que le Père Desenclaves avait parlé au Capitaine Gorham des 21 familles Acadiennes de la Rivière Tousquet et que Gorham n’avait pu appréhender. Il révéla au Major Morris qu’il y avait 130 Acadiens en tout. Nous ne savons pas si furent inclus dans ce nombre les Acadiens des établissements de Pubnico, d’Argyle et de Chebogue. Si oui, ils ne le furent pas tous, si on en juge par le nombre d’Acadiens qui firent partie de la troisième Expulsion.


En octobre 1758, Gorham avait envoyé un Acadien avec une lettre adressée à tous ceux qui se cachaient dans les bois qui les sommait de se rendre. De leur côté, il lui envoyèrent une lettre qui lui disait qu’ils avaient écrit au Gouverneur du Massachusetts pour voir s’ils pouvaient demeurer sur leurs terres où à tout le moins être acceptés sur le territoire.


Nous avons une copie de cette lettre écrite par les Acadiens en Anglais. Elle est datée du « 15 septembre 1758, de Cap Sable » et est adressée à « Son Excellence Thomas Pownall, Écuyer, et à l’Honorable Conseil de Boston. En voici quelques extraits… « S’il plaisait à son Excellence et à son Conseil de nous permettre de nous établir sur cette terre où nous vivons maintenant, nous nous ferions un devoir de vous aimer et de vous honorer jusqu’à notre dernier Souffle et…nous acceptons de tout cœur de faire tous ce que vous voudrez… y compris vous supporter dans votre effort de Guerre contre le Roi de France… Nous sommes en tout environ 40 familles constituées de 150 âmes… Si nous ne devons plus vivre ici plus longtemps, nous vous implorons de bien vouloir nous recevoir en Nouvelle Angleterre pour y vivre comme les autres Français Neutres le font parce que nous préfèrerions tous mourir ici plutôt que d’être envoyé dans n’importe quelle Colonie Française. » C’est signé, Joseph Landrey.


L’hiver précédent avait été exceptionnellement long et dur. Ces Acadiens ne se sentaient pas capables d’affronter un autre hiver du genre dans les bois ; c’est la raison pour laquelle, ils étaient prêts à faire à peu près n’importe quoi pour éviter un autre dur hiver, n’importe quoi sauf de tomber dans les griffes de Lawrence qui était considéré par les Acadiens comme un tyran sans cœur.


La lettre fut donnée à Mark Haskell, un marchand qui commerçait avec les Acadiens de Cap Sable. Il était chargé de la faire parvenir au Gouverneur du Massachusetts. Il n’y a aucun doute que cette lettre fut écrite par Haskell lui-même, alors qu’il mentionne : « Ce qui suit m’a été transmis par la bouche de Joseph Landrey et Charles Dantermong, deux des principaux hommes de Cap Sable. »


Pownall était très sympathique à la cause des Acadiens. Il aurait voulu envoyer quelqu’un les chercher au plus-tôt pour les rapatrier en Nouvelle Angleterre. Mais le Conseil avait une autre opinion.


Leur argument était que tous ces Acadiens étaient des « ennemis de la Couronne. »


En réalité, ayant vécu 45 ans sous les lois Britanniques, ils étaient devenus citoyens Britanniques de la Nouvelle Écosse. Mais, depuis qu’ils avaient fait le serment de demeurer neutres en cas de guerre (sans égards à ce qui est écrit dans cette lettre) et étant de descendance Française, ils étaient considérés comme étant plus partisans de la France que sujets Britanniques. Sans compter que la France et l’Angleterre étaient en guerre depuis le 17 mai 1756, la Guerre de Sept Ans. En foi de quoi, le Massachusetts ne pouvait abriter ces « ennemis. »


A la suite de ces délibérations, le Conseil reconnut le Bon Samaritain Mark Haskell, coupable de sympathies avec l’ennemi. Il fut envoyé en prison pour sa bonne action.


Pownall, de son côté, n’avait plus qu’une seule chose à faire, faire parvenir la lettre des Acadiens à Lawrence, ce qu’il fit à contrecœur. Le 2 janvier 1759, il écrit : « Pour ce qui est de ces pauvres gens de Cap Sable, ils semblent être dans une telle détresse qu’il serait louable qu’un certain soulagement puisse leur être apporté. Si la Politique ne peut agréer dans une certaine mesure à leur soulagement, l’Humanisme le réclame à haute voix. »


Pendant tout ce temps, les Acadiens allaient passer un hiver atroce dans les bois, alors que certains d’entre eux allaient mourir de faim, de froid et même de chagrin. Ne recevant pas de réponse à leur plaidoyer, ils devinrent désespérés, tellement que, sans égard à leur terreur de se retrouver aux mains de Lawrence, ils envoyèrent au début du printemps quelques-uns de leurs compagnons à Halifax avec une offre de se remettre entre les mains des autorités Britanniques.


Lawrence, réalisant qu’il n’y avait plus moyen pour eux de s’échapper ne s’empressa pas d’aller les chercher. Ce ne fut seulement qu’au début de l’été qu’il demanda au Major Erasmus Philips, qui était à Annapolis, d’emmener ces « Brutes terriennes devenues pirates » à Halifax. La tâche de s’emparer d’eux fut confiée au Capitaine Dorham, le même qui avait appréhendé la plupart des Acadiens qui furent envoyés en exil en France à l’automne de 1759. Il arriva à Halifax en leur compagnie le 29 juin ; ils étaient 152 en tout.


Ils furent placés sur l’île Georges, dans le Havre de Halifax, où il y avait déjà six prisonniers Acadiens de Rivière St-Jean. Ici, où ils allaient demeurer jusqu’en novembre, ils eurent à souffrir énormément, dormant « à la belle étoile », la plupart d’entre eux n’ayant rien pour se couvrir, leurs vêtements leur ayant été enlevé. Huit d’entre eux décédèrent ; il y eut une naissance.


Ils étaient classés pour être envoyés en Angleterre le 3 novembre. Ils venaient juste d’embarquer à bord du « Mary the Fourth » lorsque s’éleva une des pires tempêtes à avoir jamais frappé les côtes de la Nouvelle Écosse. Le départ fut retardé jusqu’au 10. Ils arrivèrent en Angleterre sept semaines plus tard, le 29 décembre. Finalement, ils débarquèrent à Cherbourg en France le 14 janvier 1760. Quatre d’entre eux décédèrent durant la traversée.


Nous avons toujours en notre possession huit lettres originales écrites entre cette date et 1775 de Cherbourg par des membres de la famille d’Entremont à de proches connaissances qui étaient retournées à Pubnico. Même 100 ans plus tard, quelques habitants de Pubnico correspondaient encore avec les descendants de ces Acadiens exilés en France.


La semaine prochaine, je vais vous parler de ce retour d’exil des ancêtres des actuels Acadiens du Comté de Yarmouth.

30. LE PONT QUI ENJAMBE LE CANAL DE L’INDIEN*

Ce court texte a été rédigé en anglais par le père Clarence d’Entremont et publiés dans le Yarmouth Vanguard le 25 juillet 1989. Traduction de Michel Miousse Selon la légende, le nom de ce canal vient

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