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39. LE PREMIER CANADIEN À DEVENIR CITOYEN AMÉRICAIN.

Ce court texte a été rédigé en anglais par le père Clarence d’Entremont et publiés dans le Yarmouth Vanguard le 26 septembre 1989. Traduction de Michel Miousse


Son nom était Louis Benjamin Petitpas de Chezzetcook, né dans les environs de Louisbourg vers 1726, sûrement le fils de Claude et de Françoise Lavergne. Il fut marié deux fois, la première avec Madeleine Poujet et la seconde avec Marie Joseph Dugas. Il était interprète pour les Amérindiens. Pour un certain temps il fit des affaires entre Halifax et Boston avec son vaisseau.


Au début de mai 1781, il envoie une requête à l’Honorable Sénat et Chambre des Représentants du Commonwealth du Massachusetts, demandant un « permis pour transférer ses propriétés de Nouvelle Écosse vers ce Commonwealth et un passeport pour exercer son commerce en toute sécurité à l’abri des captures des cruisers américains. » La raison de cette requête était qu’il « refusait de se soumettre à l’Oppression (du Gouvernement Britannique) et désirait devenir un Sujet d’une Nation Alliée à la sienne. »


Quelques jours plus tard, le 7 mai, la Chambre des Représentants du Massachusetts lui donnait la permission d’aller en Nouvelle Écosse y prendre ses affaires et déménager au Commonwealth du Massachusetts, dans le but d’en faire sa résidence permanente avec interdiction toutefois de retourner en Nouvelle Écosse par la suite sans une permission explicite de cette Cour. Un sauf conduit lui fut délivré stipulant qu’il ne serait molesté par aucun vaisseau américain. En garantie, il devait payer à l’officier du port de Boston un bail en duplicata de 500 livres. Le jour suivant, le Sénat approuva la « Résolution », par la légendaire signature du Gouverneur, John Hancock.


Ayant payé son bail, il quitte pour Halifax et Chezzetcook le 9 avec son vaisseau, le « Longsplice, » un 35 tonnes qui lui avait coûté 100 livres et le gréement, 20 livres.


À Halifax, malheureusement, il exprima trop ouvertement ses sympathies pour les colonies Américaines et en devint à être considéré comme un ennemi du Gouvernement. Menacé d’emprisonnement, il quitte Halifax vers le début juillet (1781) avec ses bagages évalués à 1000 livres.


En quittant Halifax, il semble qu’il soit allé à Chezzetcook. Il se pourrait que sa femme et son enfant aient embarqué avec lui. Au lieu d’aller directement à Boston, il continua en direction nord, aussi loin que Cap Breton, peut-être pour porter un dernier regard sur le lieu de sa naissance. À environ 3 miles et demi, avant d’arriver au Cap Breton, il fut accosté dans la soirée du 10 août, par Nathaniel Webb de Salem au Massachusetts, aux commandes du « Hazard » ; il avait reçu l’ordre du Congrès Américain de s’emparer de tout vaisseau étranger.


Webb hissa d’abord le drapeau Américain. Mais lorsqu’il s’aperçut que le «Longsplice» était en train de fuir, il hissa le drapeau Britannique. Il rejoint finalement Petitpas et le contraint à monter à bord de son vaisseau.


Lorsque Petitpas déclara qu’il venait de Chezzetcook, Webb lui dit que lui-même venait de Halifax. Mais Petitpas rétorqua que ce ne pouvait être vrai puisqu’il connaissait tout le monde à Halifax. C’est par la suite que Webb lui révéla sa mission et que Petitpas lui montra ses papiers de la Cour de Boston. Webb lui demanda alors pourquoi il allait vers Cap Breton plutôt que d’aller directement à Boston.


Ce qui s’en suivit par la suite n’est pas très clair. Selon certains témoignages, ce n’est pas avant le 31 octobre que Webb s’empara du « Longsplice. » Il l’envoya par la suite à Salem. Mais en chemin, il fut arraisonné par un vaisseau armé par le « Roi de Grande Bretagne. » Il tomba ensuite entre les mains des Amérindiens et des pêcheurs et fut finalement vendu à New York.


Louis Benjamin Petitpas parvint à atteindre Boston, où il emporta Webb en Cour, l’accusant de l’avoir volé pour une valeur de 2240 livres ; lequel montant, ajouté aux dommages dont il avait souffert, atteignait les 3500 livres. Le procès allait s’étendre du 1er janvier 1782 jusqu’au 1er juillet de l’année suivante. Webb, en guise de défense, témoigna que Petitpas n’avait pas de papier sur lui lorsqu’il s’en empara ou encore, qu’à cette date il était un sujet du Roi d’Angleterre ; ou encore qu’il transportait avec lui une cargaison illégale entre la Nouvelle Écosse et Boston. Toutefois, il fut maintenu durant tout le procès que Petitpas était « bel et bien » sujet Américain et citoyen du Commonwealth du Massachusetts depuis le mois de mai 1781, en accord avec un acte de la Cour. Il gagna finalement sa cause.


Plus tard, Louis Benjamin Petitpas eut à nouveau affaire avec la Cour de Boston, mais cette fois en tant qu’accusé. Le 13 décembre 1782, il avait signé un reçu pour la somme de 18 livres, 18 shillings et les intérêts, en faveur de Joseph Webber, couturier de Boston. Est-ce que c’était pour le prix d’un habit ou parce qu’il avait emprunté de l’argent à Webber pour payer son avocat ? En tout cas, le 2 mai de l’année suivante, 1783, Petitpas n’ayant pas honoré ses engagements, Webber demanda que sa propriété soit confisquée pour la valeur de 25 livres, en vue d’un procès qui allait s’ouvrir le 1er juillet ; il appert que ce fut ce même jour que Petitpas demanda à la Cour que Nathaniel Webb soit poursuivi en justice pour lui avoir volé ses possessions. Je n’ai pas été capable de trouver l’issue de ce procès.


Il lui fut demandé de paraître en Cour à nouveau le 30 avril 1784. Le 28 novembre de l’année précédente, il avait acheté une paire de bottes de Thomas Bradlee, cordonnier, pour la somme de 2 livres et 14 shillings. Près de deux mois plus tard, le 4 février, Petitpas n’avait toujours pas payé ses bottes. Alors ce jour là, Bradlee demanda à la Cour de le sommer de paraître en cour pour un procès. Le jour suivant, le 5 février, Petitpas paya sa facture en plus des intérêts, qui s’élevait en tout à 3 livres et 12 shillings.


Qu’advint-il par la suite de ce récent naturalisé citoyen Américain Louis Benjamin Petitpas et de sa famille ? J’ai été incapable de le savoir, en dépit de mes recherches aux archives du Massachusetts, dans les fichiers de la Cour et le Livre des Minutes de la Ville de Boston.

30. LE PONT QUI ENJAMBE LE CANAL DE L’INDIEN*

Ce court texte a été rédigé en anglais par le père Clarence d’Entremont et publiés dans le Yarmouth Vanguard le 25 juillet 1989. Traduction de Michel Miousse Selon la légende, le nom de ce canal vient

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