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6. LA CAGNOTE SECRÈTE.

Ce court texte a été rédigé en anglais par le père Clarence d’Entremont et publiés dans le Yarmouth Vanguard le 7 février 1989. Traduction de Michel Miousse


En 1892, St-Jean de Terre-Neuve* subit le plus grand incendie de son histoire quand, pendant la nuit du vendredi au samedi du 8 au 9 juillet, les deux tiers de la ville furent détruits dans l’incendie. Il s’ensuivit une journée très chaude pour la région alors que le thermomètre atteignit un record de chaleur sans précédent de 87 degrés. Les pertes furent évaluées à $20,000,000, ce qui représenterait aujourd’hui près de dix fois plus au moins. Plus de 11,000 personnes se retrouvèrent sans abris. Quelques 2000 maisons et magasins avaient été détruits. Le montant de l’assurance fut évalué à $4,800,000. Ça n’a pas pris de temps avant que l’aide afflue de toute part, entre autre du Canada, des Etats-Unis et de la Grande Bretagne.


Le Capitaine Sylvain Muise devait caboter à cette époque le long de la côte méridionale de l’atlantique. Il était de Pointe à Rocco*, le fils de Luc Muise. Encore à son âge avancé de 58 ans, il avait navigué plusieurs années sur les immenses flots bleus, ayant même été récompensé de ses exploits par une ceinture ornée de sept joyaux. Étant dans un de ces ports, il fut engagé pour aller soulager les misères des habitants sinistrés de Terre-Neuve*. Son vaisseau avait dû être empli à pleine capacité. L’item le plus précieux de son chargement était une barrique de cinq gallons remplie d’argent. Cette marchandise était trop précieuse pour être entreposée avec le reste du chargement ; l’endroit le plus sûr en l’occurrence était la cabine du Capitaine. Selon les estimations les plus sérieuses il y avait environ $6000.00 dans cette barrique, ce qui équivaudrait en monnaie d’aujourd’hui à une petite fortune.


La tentation était trop grande pour le Capitaine Muise. Probablement qu’au fur de ses voyages, il avait toujours rêvé de trouver un trésor quelque part ; et maintenant, la chance semblait enfin lui sourire. Après quelques jours en mer, quand il fut en vue des Îles Tousquet*, n’étant pas trop loin de la maison, il saborda son vaisseau, le laissant s’échouer sur une des Îles de vase. Il s’organisa pour s’échapper avec la barrique et retourner sain et sauf à la maison avec le contenu du magot. Il le cacha pendant un temps au travers de ses propres biens.


L’histoire raconte que l’équipage ou quelques membres de l’équipage, au moins l’un d’eux, nommé Jean Rémi Hubbard, de la Pointe Hubbard*, fils de Chrysostome, en vint à savoir ce qui était vraiment arrivé. Il fit alors plusieurs réquisitions sur sa propre part du magot si l’on voulait conserver « l’histoire secrète. » Marchandage. Ce certain jour, il revint à la maison les mains vides ; quelques-uns dirent que c’était parce qu’il s’était présenté trop tôt pour sa « part du gâteau », un jour particulièrement mal approprié pour cette manœuvre ; il se pourrait aussi que le Capitaine Muise se sentît quelque peu harcelé par cet intrus et lui ai simplement dit « d’aller se faire voir. »


Ce qui devait arriver arriva, Rémi rumina sa vengeance et s’en alla tout droit à Yarmouth pour raconter toute l’histoire à la police.


Il existe plusieurs versions de ce qui s’est passé par la suite. Celle que je considère la plus plausible, parce qu’elle provient de quelqu’un dont la femme était indirectement impliquée dans cette affaire, est que Sylvain quitta la maison juste avant que la police arrive sur les lieux.


Il prit une embarcation et alla échouer sur l’Île Morris*. Là, il rencontra une petite fille ; son nom était Marguerite Moulaison, mieux connue sous le nom de Maggite, la fille de Damase Moulaison de l’Île Morris ; elle devait épouser plus tard John Denis de Villiers, fils de Sylvain, aussi nommé « Gribouille. » Il demanda à la petite fille où elle habitait. Après qu’il en fut informé, il se dirigea à la maison et se barricada dans une chambre et s’installa devant la porte avec deux pistolets.


Les constables ayant eu vent de sa cachette, se préparèrent à l’appréhender. Mais devant les menaces du Capitaine Sylvain, ils n’osèrent entrer dans la chambre où celui-ci se cachait. Finalement, à la faveur de la nuit, le Capitaine Sylvain parvint à s’enfuir et monta à bord d’un vaisseau prêt à quitter Pointe à l’Écluse* et ses environs pour le Labrador ; le Capitaine du vaisseau était Urbain Bourque. C’était le printemps, au mois d’avril ; l’année n’est pas donnée. Ils restèrent au Labrador jusqu’en septembre, à pêcher sans doute, quand sur leur retour, Sylvain débarqua à Canso, d’où il prit la direction de Chicago. L’histoire raconte qu’il y prit le nom de « Green. »


Après quelques temps, certains disent deux ans, sa femme quitta Pointe à Rocco pour aller rejoindre son mari. C’était Geneviève Babin, de Pointe à l’Écluse, la fille de Gabriel Babin, appelé « Ceuille. » Elle se rendit aussi loin que Boston d’où elle prit un train pour Chicago. Mais après avoir voyagé pendant trois jours, elle se rendit compte qu’un homme la suivait ; d’autres dirent qu’ils étaient deux. Alors elle revint sur ses pas et se rendit à Yarmouth, d’où elle prit une diligence pour Tousquet*, toujours suivie par le même homme, qui s’en retourna finalement à Yarmouth. Quant à elle, elle alla chez sa sœur, Marie-Jeanne Babin, qui vivait sur les Buttes à Amirault, mariée à Jacques Amirault.


Sans perdre de temps, Jacques Amirault lui fit traverser la rivière jusqu’à Plymouth. Comme la diligence de Wedgeport passait par-là, elle n’eut aucune difficulté pour se rendre à Yarmouth. De là, elle s’embarqua clandestinement sur le bateau de Boston et put finalement rejoindre son mari à Chicago. Et c’est ainsi que se termine l’histoire à laquelle les Français ont donné le nom de l’histoire de la « cagnotte secrète. »


Bien sur il n’est pas surprenant que plusieurs autres histoires concernant cet incident aient été rapportées par les gens, vraies ou fausses, par exemple, qu’après le départ de Geneviève Babin, des pièces de monnaies et même d’or, furent retrouvées dans le puits ; même-que la fameuse barrique aurait été retrouvée sur les rives de la Rivière Abraham, devant la maison de Sylvain. Selon une autre version de l’histoire, la barrique aurait fait son chemin jusqu’à Belleville, dans la maison de Sylvain Jacquard, fils de Jacques, qui épousa Madeleine Muise, sœur du Capitaine Sylvain ; on mentionna même-que par la suite la famille semblait connaître des « jours meilleurs. »


Cette histoire que je viens de raconter, je la tiens principalement dans ses détails de John Dennis De Villiers, mari de Marguerite Moulaison précédemment mentionnée ; il m’a raconté cette histoire en 1957, deux ans avant de mourir à l’âge vénérable de 97 ans. Elle fut également corroborée par mon bon ami Henri H. Babin de Belleville, qui décéda à Malden dans le Massachusetts en 1967, à l’âge de 95 ans. Lawrence Meuse, de la Pointe à Rocco, a publié un article sur le même sujet l’été dernier dans le Courrier.

30. LE PONT QUI ENJAMBE LE CANAL DE L’INDIEN*

Ce court texte a été rédigé en anglais par le père Clarence d’Entremont et publiés dans le Yarmouth Vanguard le 25 juillet 1989. Traduction de Michel Miousse Selon la légende, le nom de ce canal vient

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