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9. WEDGEPORT, IL Y A CENT ANS ET PLUS.

Ce court texte a été rédigé en anglais par le père Clarence d’Entremont et publiés dans le Yarmouth Vanguard le 28 février 1989. Traduction de Michel Miousse


Le Capitaine Hilaire V. Pothier de Wedgeport ( 1831-1924) fut engagé en 1884 pour une année complète par le Capitaine Benjamin Davis de Yarmouth pour transporter du fret jusqu’aux Indes Occidentales à bord de « l’Acadia », un brigantin de 241 tonnes, construit en 1875 pour Benjamin et Samuel Davis. Il quitta St-Jean, N.B. le 22 novembre.


Le 30 novembre, il écrit dans son carnet de bord que tous les membres de l’équipage sont des étrangers, avec lesquels il ne peut avoir que peu de conversation. Alors, comme passe-temps, il se mit à écrire sur Wedgeport, son histoire et ses habitants. Cela comprenait jusqu’à 100 larges porte folios. Plus de la moitié de son histoire concernent l’arbre généalogique de chaque famille de Wedgeport, débutant aussi loin qu’il pouvait se rappeler jusqu’au moment de son récit, ce qui fut très important pour les généalogistes. Il a beaucoup écrit sur la façon de vivre des gens. Ses remarques sur les différents ports dans lesquels il s’est arrêté aux Indes Occidentales sont des plus intéressantes. Il est farouchement opposé au tabac et aux liqueurs ; il ne rate aucune occasion de fulminer en vilains propos sur ces sujets. Il est très préoccupé par le taux de mortalité qui sévit à Wedgeport, à une époque où la tuberculose pulmonaire fauche un grand nombre de familles.


Ce précieux document, tout en français, sans aucune ponctuation ou paragraphe du début à la fin, fut découvert en 1940 par le père Louis Surette à la maison de la fille du Capitaine Pothier à Yarmouth. Il est maintenant conservé dans les voûtes de la maison de l’Évêque à Yarmouth. En 1986, je l’ai publié en le divisant en 32 chapitres, accompagnés de mes commentaires.


Le Capitaine Pothier commence par nous raconter ce dont il se rappelle lorsqu’il était jeune. Les gens vivaient bien à cette époque, dit-il. Il n’y avait pas de snobisme dans leur façon de vivre ou de s’habiller. Les vêtements étaient faits à la maison ; ils durent être quelque peu rustiques mais cependant bien les couvrir. Comme souliers d’hiver, il y avait des mocassins et des caristos ( faits un peu comme des mocassins, à l’exception des poils qui n’ont pas été enlevés du cuir), des bottes à poil. La nourriture devait être assez rudimentaire bien que nourrissante ; les patates et les légumes étaient abondants ; il y avait toujours assez de viande et de poisson. Les gens se tenaient au chaud avec de larges foyers qui absorbaient tout l’air vicié des maisons en renouvelant constamment un air frais et sain. Mais depuis que les gens avaient installé des poêles dans les maisons, le taux de mortalité avait grimpé de façon alarmante.


De nos jours, les gens suivent tous les styles imaginables, bons et mauvais. Je ne sais pas d’où ils viennent, remarque le Capitaine Pothier.


Il raconte qu’il voyage d’une contrée à une autre et qu’il y a à Wedgeport des styles qu’on ne rencontre nulle part ailleurs.


Les garçons sont généralement bien vêtus, s’ils portent leur chapeau avec le rebord abaissé sur les yeux ou mettent leurs bas de pantalons dans leurs bottes, c’est sans aucun doute pour montrer qu’ils sont des marins. La majorité des hommes de Wedgeport sont de braves marins.


Si nous comparons les souliers d’aujourd’hui avec ceux d’il y a 40 ans, nous dit le capitaine Pothier, il fut un temps où les hommes portaient des souliers faits de bon cuir fin, les talons en étaient faits de deux ou trois épaisseurs auxquelles était clouée une mince plaque de métal pour augmenter leur durabilité. Mais maintenant, nous dit le Capt. Pothier, certains talons ont jusqu’à trois pouces de haut, tenus en place par une livre de clous.


Pour ce qui est des femmes, je ne sais vraiment pas quoi dire, remarque le Capitaine Pothier ; leur style est encore pire. Il y a les « ceintures grecques » ( qui étaient constituées d’un large ruban leur ceinturant la taille), la « Polonaise » ( qui était constituée d’une robe avec une jupe séparée sur le devant et nouée par derrière dans une forme de jupon élaboré), la « crinoline » ( une sorte de jupe en cerceaux), la « jupe à bosse » et un genre de gouvernail qui s’étire de jour en jour. Elles portent leurs cheveux en chignons ou parés avec un faux toupet. Le Capitaine Pothier remarque qu’un designer de mode français de Paris serait très surpris de voir les modes vestimentaires de Wedgeport.


Malgré tout, le Capitaine Pothier a aussi beaucoup de bons mots pour ses natifs de Wedgeport. Il dit qu’il n’a jamais vu une paroisse où les gens sont aussi travaillants ; même s’ils ne sont pas toujours rémunérés de façon adéquate pour leur travail. Il y a des pères de grosses familles qui vont à la pêche au printemps ; ils peuvent gagner de 100 à 150 dollars pour la saison complète ; et ils doivent faire vivre leur famille avec ça. À moins d’être un capitaine ou un officier en second, il ne reçoit que $15.00 par mois ou 50 cents par jour. Avec ça, il doit en verser une part au propriétaire du bateau ; et si durant le voyage il doit acheter quoique ce soit, il aura à débourser un tiers de plus que ce qu’il aurait payé sur le continent. Ensuite il passera ses hivers à « s’amuser » à transporter du bois ou le foin. S’il lui reste des dettes de l’année précédente, il s’organisera pour aller ramper sur un autre vaisseau, mais peut-être s’enfoncer encore plus creux dans ses dettes. Heureusement, ceux-ci font exception, et ils ne font pas honneur à Wedgeport.


Le Capitaine Hilaire n’encourage pas les jeunes hommes à construire des vaisseaux ; c’est beaucoup trop risqué. Quelques hommes, au lieu d’aller pêcher, restent à la maison et cultivent leur terre, prennent soin de leur bétail et vivent des produits de leur ferme. Ils ne deviennent pas riches, mais au moins, ils en ont assez pour faire vivre leur famille, et surtout, ils sont clairs de dettes.


L’un dans l’autre, nous dit le Capitaine Pothier, les gens de Wedgeport sont de bonnes gens, intelligents et d’excellents travailleurs. Ils sont l’honneur de la communauté.


J’aurai certainement l’occasion de revenir plus tard sur l’HISTORIQUE DE SAINT-MICHEL DE WEDGEPORT par le Capitaine Pothier.

30. LE PONT QUI ENJAMBE LE CANAL DE L’INDIEN*

Ce court texte a été rédigé en anglais par le père Clarence d’Entremont et publiés dans le Yarmouth Vanguard le 25 juillet 1989. Traduction de Michel Miousse Selon la légende, le nom de ce canal vient

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